Bruxisme et psychothérapie
- Olivia Leclercq Psy

- 14 janv.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 oct.

Le bruxisme, qui consiste à grincer ou serrer les dents de manière involontaire, souvent pendant le sommeil, est un trouble qui peut avoir plusieurs causes et conséquences.
En plus d’un suivi de l’impact et des conséquences du bruxisme, (suivi dentaire, kinésithérapie maxillo-faciale, ostéopathie, posturologie, …), Il est souvent nécessaire de travailler sur les origines psychiques du bruxisme.
En psychothérapie, le bruxisme est souvent interprété comme une manifestation somatique liée à des conflits inconscients ou à des tensions émotionnelles non résolues. Voici quelques pistes d'interprétation :
1. Expression d'un conflit inconscient
Refoulement des émotions : Le bruxisme peut être le reflet d’une difficulté à exprimer certaines émotions, comme la colère, la frustration ou l’anxiété. Ces émotions, refoulées dans l’inconscient, trouvent une issue corporelle à travers le grincement des dents.
Exemple : Une colère non exprimée envers une figure d'autorité pourrait se traduire par une tension musculaire involontaire, comme dans le bruxisme.

2. Bruxisme, symbolique de la mâchoire et des dents
Agression réprimée : La mâchoire est associée à la capacité de” mordre", de s’affirmer ou de se défendre. Le bruxisme peut représenter une lutte intérieure où la personne retient ou réprime son agressivité.
Contrôle et retenue : Le serrage des dents peut symboliser une volonté inconsciente de contrôler ou de retenir des impulsions (agressives, sexuelles ou émotionnelles).
3. Charge émotionnelle non digérée
Métaphore de "ne pas lâcher prise" :Le bruxisme peut refléter une rigidité mentale ou émotionnelle, une incapacité à se détendre ou à relâcher certaines préoccupations. La personne "mâche" ou "rumine" symboliquement ses pensées ou ses conflits.

4. Traumatisme et défense psychique
Stress post-traumatique :Dans certains cas, le bruxisme peut être lié à des traumatismes non résolus. La tension physique devient une manière de gérer un stress ou une peur enfouis dans l’inconscient.
Mécanisme de défense :Le bruxisme peut être interprété comme une manière inconsciente de maintenir une défense psychique face à des émotions ou des souvenirs difficiles à intégrer.
5. Conflits liés au surmoi
Exigences et autocritique :Un surmoi rigide (partie psychique liée aux règles et interdits) peut imposer une pression constante sur l’individu. Le bruxisme pourrait être une expression somatique de cette lutte interne entre les désirs inconscients (ça) et les exigences morales ou sociales (surmoi).
Bien que des solutions physiques, comme les gouttières de protection, soient souvent utilisées pour traiter le bruxisme, la psychothérapie permet d’aller plus loin en abordant les causes émotionnelles et psychologiques sous-jacentes. Elle aide à réduire les facteurs de stress, à gérer les émotions et à améliorer le bien-être général, ce qui peut à son tour diminuer l'incidence du bruxisme ou en réduire les effets.

Pour aller plus loin
Françoise Dolto – L’image inconsciente du corps (Seuil, 1984)→ Ouvrage fondateur sur la relation entre inconscient et expression corporelle.
Christophe André – Psychologie du corps : le corps entre le bien-être et la souffrance (Odile Jacob, 2009)→ Vulgarisation claire sur la façon dont les émotions s’expriment à travers le corps.
Boris Cyrulnik – De chair et d’âme (Odile Jacob, 2006)→ Réflexion sur la somatisation, les blessures émotionnelles et la résilience.
Jean-Benjamin Stora – Stress, émotions et santé : de la psychosomatique à la psycho-neuro-immunologie (Dunod, 2018)→ Vision contemporaine et scientifique du lien entre esprit et santé corporelle.
🎧 Podcast France Culture – “Quand le corps parle : les maux qui disent le mal-être” (Émission La Grande Table, 2022)→ Éclairage grand public sur les manifestations somatiques du stress et des conflits psychiques.
🧪 Références scientifiques complémentaires
Manfredini, D., Winocur, E., Guarda-Nardini, L., Paesani, D., & Lobbezoo, F. (2012).Epidemiology of bruxism in adults: A systematic review of the literature. Journal of Orofacial Pain, 26(2), 99–110.→ Synthèse scientifique montrant le lien entre stress, troubles du sommeil et bruxisme.
Lobbezoo, F., Ahlberg, J., Glaros, A. G., et al. (2013).Bruxism defined and graded: an international consensus. Journal of Oral Rehabilitation, 40(1), 2–4.→ Consensus international soulignant les facteurs psychologiques (anxiété, hypervigilance, émotions) dans le bruxisme.
Winocur, E., Uziel, N., Lisha, T., Goldsmith, C., & Eli, I. (2011).Self-reported bruxism – associations with perceived stress, motivation for control, dental anxiety and gagging. Journal of Oral Rehabilitation, 38(1), 3–11.→ Étude clinique démontrant que le stress perçu et le besoin de contrôle psychique sont fortement corrélés au bruxisme.
Wieckiewicz, M., Paradowska-Stolarz, A., & Wieckiewicz, W. (2014).Psychosocial aspects of bruxism: The most paramount factor influencing teeth grinding. BioMed Research International, 2014, Article ID 469356.→ Revue scientifique expliquant les liens directs entre bruxisme, anxiété, colère refoulée et troubles du sommeil.
